Coaching et émancipation : se redonner le droit de rêver, de choisir, d’exister

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Pour ce tout premier épisode, j’ai eu envie de vous parler de ma vision du coaching.

C’est une manière pour moi de me présenter et Aussi une façon pour vous d’apprendre à me connaître.

Mais avant de plonger dans ce que j’y mets, j’avais envie de commencer par une distinction simple, entre le rôle d’un psychologue… et celui d’un coach.

On peut aller voir un·e psychologue quand on traverse une souffrance psychique, un mal-être profond, ou quand on sent le besoin de comprendre, de revisiter son histoire, de mettre des mots sur ses états intérieurs. Le cadre thérapeutique permet alors d’apaiser, d’élaborer, de réparer.

On fait appel à un·e coach dans d’autres contextes. Quand on sent un élan de transformation, un besoin de clarté, de direction, ou d’engagement vers un objectif. Le coaching, c’est un espace tourné vers le présent et le futur. Un lieu d’activation, de mouvement, de responsabilité choisie.

Ce n’est pas une question de mieux ou moins bien. C’est une autre temporalité, une autre posture. Le coaching ne remplace pas la psycho-thérapie, mais il peut la compléter — ou exister indépendamment, selon là où on en est dans son parcours.

À l’origine, un coach, c’est quelqu’un qui t’aide à passer d’un point A à un point B. Comme une voiture à cheval — un “coche” — qui t’emmène d’un endroit à un autre.

Aujourd’hui encore, un coach accompagne quelqu’un là où il veut aller… mais en réalité, le chemin est souvent plus intérieur que prévu.

Le coach ne pose pas de diagnostic. Il accompagne un basculement.

Et pour moi, ce basculement, c’est une forme d’émancipation. Une manière de sortir d’un récit figé, pour redevenir auteur ou autrice de sa trajectoire.

Alors aujourd’hui, j’ai envie de te parler de coaching comme on parle d’un contre-courant.

Quand on a grandi dans la peur ou dans l’effacement, on en vient parfois à douter de notre droit même à exister. Et ce doute peut s’étendre à tout le reste : notre droit à rêver, à choisir, à aimer. Comme si même aimer était un luxe. Et il faut parfois du courage pour désobéir à ces injonctions, même intérieures, et se redonner ces droits : rêver, choisir, exister.

Quand on parle de coaching, on pense souvent à un outil pour “aller mieux”, gagner en performance, ou travailler sur soi.

Ça l’est effectivement… mais pas que… Pour moi, c’est aussi autre chose. C’est un moyen d’émancipation.

Un chemin pour se libérer de ce qui nous enferme. Pour retrouver cette souveraineté intérieure qu’on a parfois oubliée, ou qu’on nous a fait oublier.

Le coaching, tel que je le vis, c’est un espace pour se connecter à ce qui nous rend vivants… et libres.

1.⁠ ⁠Le coaching comme contre-courant

Il y a une chose qui m’a frappée au fil des années — en tant que coach, mais aussi en tant qu’être humain en quête de sens :

C’est à quel point notre société formate nos aspirations.

Elle nous parle sans cesse de performance, de réussite, de productivité…

Comme si notre valeur dépendait de ce qu’on accomplit, de ce qu’on prouve, de ce qu’on produit.

Et dans ce cadre-là, rêver devient presque suspect.

C’est là que le coaching peut devenir un acte profondément subversif.

Dans une société obsédée par la norme, l’efficacité, la rentabilité…

Le coaching, quand il est pratiqué en conscience, vient déranger tout ça.

Il propose un autre regard.

Il redonne la parole à l’individu — pas pour en faire un produit à optimiser,

mais un être en devenir.

Alors, je te pose une question :

Et si, en réalité, la société ne nous demandait pas tant de réussir… que de renoncer à rêver ?

Parce que rêver, c’est désirer.

Et désirer… c’est échapper au contrôle.

Peut-être que là, en entendant ce mot — désir — une petite voix en toi se méfie.

C’est normal.

Pendant longtemps, on nous a appris que le désir, c’était dangereux. Faible. Impulsif.

On l’a associé à la faute, au péché, à quelque chose qu’il fallait dompter.

Et puis il y a autre chose.

Aujourd’hui, même le désir a été hacké, manipulé.

On nous vend l’idée qu’on sera comblé plus tard — après l’effort, l’achat, la performance, la réussite.

On nous dit : “souffre maintenant, tu seras heureux demain.”

Mais ce demain ne vient jamais.

Il entretient le manque.

Il alimente la machine — pas l’âme.

Dans ce cadre-là, le désir devient un outil de contrôle,

un levier qui nous coupe de nous-mêmes.

On nous dicte ce qu’on doit désirer.

Mais en réalité… désirer, c’est bien plus que ça.

C’est tendre vers quelque chose.

C’est un élan. Une force de vie.

Et pourtant, ce mot-là a été tellement alourdi…

Par des siècles de méfiance et de jugements.

Dans la philosophie occidentale — surtout chez Platon — le désir était vu comme un obstacle à la sagesse.

Un piège des sens. Une illusion.

Et cette idée a laissé des traces.

Comme si vouloir, c’était mal.

Comme si notre élan vital devait être surveillé, contrôlé, redressé.

Mais il y a eu d’autres voix.

Je pense à Spinoza, par exemple.

Lui, il disait que le désir, c’est l’essence même de l’être humain.

Pas un caprice. Pas un manque à combler.

Mais une expression de notre puissance d’exister.

Désirer, c’est vivre.

C’est être en lien. En mouvement.

Et puis, si on regarde l’étymologie…

“Désir” vient du latin de-siderare : “constater l’absence d’une étoile.”

Comme un regard levé vers le ciel, qui sent qu’il manque quelque chose.

Un vide, oui.

Mais aussi un appel.

Désirer, ce serait alors reconnaître ce vide… et décider d’en faire une boussole.

Une étoile intérieure.

Et là, on touche quelque chose de politique.

Parce que ce monde, il ne veut pas qu’on écoute cette boussole.

Il nous apprend à douter de ce qui nous anime.

À rester dans le cadre.

Mais en silence, quelque chose en nous sait.

Quelque chose résiste.

Quelque chose… désire.

Et ce désir-là, ce n’est pas une fuite.

C’est une direction.

Un désir qui ne cherche pas à posséder, mais à déployer.

Un désir d’être. D’exister. De choisir.

Et rien que ça…

C’est déjà s’émanciper.

2.⁠ ⁠La société : un récit qui nous raconte à notre place

La société, les institutions, les modèles familiaux, culturels, économiques…

tout ça tisse autour de nous une toile de récits.

Des récits de mérite, de normalité, de réussite, de sacrifice.

On les intègre, souvent sans les questionner.

Parce qu’ils nous donnent un cadre.

Parce qu’ils rassurent.

Parce qu’ils expliquent nos choix.

Mais parfois… ces récits deviennent des prisons invisibles.

Et ce qu’il y a de plus difficile,

c’est de lâcher l’histoire qu’on se raconte.

Parce que cette histoire, elle n’est pas anodine :

elle justifie notre trajectoire, nos renoncements, nos douleurs.

Elle explique pourquoi on n’a pas osé.

Pourquoi on n’a pas changé.

Pourquoi on n’a pas quitté.

Pas tenté.

La remettre en cause,

c’est remettre en cause tout ce qu’on a construit autour.

Et ça… c’est douloureux.

Parfois même insupportable.

Parce que ça exige de reconnaître que certaines souffrances n’étaient pas inévitables.

Que certains choix n’étaient pas libres.

Et que certaines fidélités… étaient en fait des formes d’oubli de soi.

3.⁠ ⁠L’étymologie de l’émancipation : sortir des mains de l’autre

Le mot émancipation vient du latin emancipare, qui voulait dire “être retiré des mains de quelqu’un”, ou plus précisément, “s’affranchir de l’autorité paternelle, du patriarcat”. Mais cette vision de l’émancipation, centrée sur une rupture avec un pouvoir extérieur, n’éclaire pas entièrement la complexité du chemin vers soi. Parce que, en réalité, nous ne nous construisons pas contre le lien, mais à travers lui.

Ce sont les relations fondatrices — quand elles sont sûres, respectueuses, vivantes — qui nous permettent de nous différencier sans nous perdre. L’émancipation, alors, n’est pas une question de couper, fuir ou renier. C’est plutôt une manière de se relier autrement : à soi, aux autres, au monde. C’est passer de la dépendance à l’interdépendance, de l’aliénation à l’alliance, de la loyauté inconsciente à la fidélité choisie.

Quand on parle d’émancipation, il ne s’agit pas de se retirer de toute main tendue, mais d’apprendre à discerner celles qui nous soutiennent vraiment, de celles qui nous enferment.

Alors, à quelles formes d’autorité sommes-nous encore attachés aujourd’hui ? Pas seulement à des autorités extérieures comme celle d’un parent ou d’un chef. Mais aussi à des autorités invisibles :

– des systèmes de pensée hérités,

– des fidélités familiales silencieuses,

– des normes sociétales qui nous façonnent,

– ou même nos propres jugements intérieurs, nourris au fil du temps.

Alors, de quelles mains avons-nous besoin de nous libérer pour grandir ? Pas pour les rejeter, mais pour faire de la place à notre propre présence. Pas pour fuir notre héritage, mais pour en devenir les gardiens libres.

L’émancipation véritable, ce n’est pas une coupure nette. C’est une traversée.

Et c’est là que le coaching prend tout son sens. Pas comme une méthode de plus pour “aller mieux”, “performer”, ou “réussir sa vie” selon des standards extérieurs, mais comme un espace d’exploration, d’écoute et de transformation. Un moment entre l’histoire qu’on a reçue et celle qu’on souhaite écrire. Un endroit où l’on peut enfin s’autoriser à se poser les questions que l’on n’ose pas : Et si je n’avais plus besoin de prouver ? Et si je pouvais désobéir à ce qui me fait du mal ? Et si je pouvais me faire confiance, même sans savoir où ça me mène ?

Le coaching, dans cette perspective, ne donne pas de réponses toutes faites. Il ouvre des brèches. Il nous invite à regarder autrement ce que l’on croyait figé. À revoir nos croyances comme des hypothèses, nos comportements comme des adaptations, et nos douleurs comme des points de bascule possibles.

C’est un accompagnement ni directif, ni passif, mais profondément engageant, parce qu’il nous invite à prendre la responsabilité — sans culpabilité — de notre propre chemin. Ce n’est pas une question de couper avec ce qui nous a construits, mais de reprendre le fil de notre histoire, de faire le tri entre ce qui nous a nourris, ce qui nous encombre et ce que l’on peut enfin laisser partir.

Et dans ce processus, le lien reste essentiel. Le lien avec soi, avec le coach, avec l’expérience. Parce que c’est dans le lien qu’on trouve la sécurité nécessaire pour oser changer. Et c’est parfois dans le regard bienveillant de l’autre qu’on se reconnaît, enfin.

C’est dans cette sécurité-là — celle d’être accepté·e, non pas pour ce qu’on fait, mais simplement pour ce qu’on est — qu’une véritable bascule identitaire devient possible.

4.⁠ ⁠L’amour comme droit réservé aux libres

Quand je dis que le coaching est un acte d’émancipation, ce n’est pas juste une affaire personnelle.

Parce que chaque personne qui ose sortir d’un récit figé allège aussi, d’une certaine manière, le poids collectif de la norme.

On ne se libère jamais tout à fait seul·e.

Et peut-être que c’est là, justement, que commence la vraie révolution.

Pas dans le vacarme des grandes théories,

mais dans le silence d’une séance de coaching,

dans le frémissement d’une prise de conscience,

dans le moment fragile où quelqu’un se dit :

“Et si je méritais, moi aussi, d’être aimé·e, écouté·e, reconnu·e…”

Parce qu’au fond, la question de l’émancipation ne se limite pas à l’individu.

Elle interroge notre place dans la société, dans l’histoire, dans les récits collectifs.

Et il y a un terrain, peut-être plus intime encore, où l’émancipation se joue.

Un terrain où le conditionnement est si profond qu’on n’en voit même plus les chaînes.

Ce terrain, c’est l’amour.

On m’a un jour dit quelque chose qui m’a profondément marquée :

être citoyen·ne, c’est avoir le droit d’être aimé·e.

Et même si ce n’est pas une définition juridique,

cette phrase dit quelque chose de profondément vrai.

Elle m’a immédiatement fait penser à une réalité historique très concrète :

Dans les sociétés esclavagistes, les personnes réduites en esclavage étaient privées de ce droit fondamental : celui d’aimer librement, et d’être aimées dans un cadre reconnu.

Elles étaient déracinées de leurs terres, renommées, dépossédées de leur filiation, interdites de mariages légitimes.

Leurs enfants pouvaient leur être enlevés. Leurs unions n’avaient aucune valeur aux yeux de la loi.

L’esclavage, ce n’était pas seulement une domination physique ou économique.

C’était aussi une négation radicale du lien.

L’interdiction d’aimer en liberté. L’impossibilité de transmettre, de construire, de choisir ses attachements.

À l’inverse, la citoyenneté — dans son idéal le plus noble — reconnaît l’individu comme un sujet à part entière :

un être capable d’aimer, d’être aimé, de transmettre, de créer du lien durable.

Alors non, aimer n’est pas un luxe. Ce n’est pas un supplément d’âme.

C’est un socle. Une racine. Le cœur même de toute émancipation réelle.

Parce que sans lien, sans reconnaissance, sans attachement sécure… on ne se libère pas.

On survit.

Et si l’on suit cette analogie, on peut se poser une vraie question :

Sommes-nous vraiment citoyens de notre propre vie ?

Ou bien vivons-nous encore comme des esclaves d’un système, d’un héritage, d’un récit qui ne nous ressemble plus ?

Et si la vraie liberté, c’était justement de se réapproprier ce droit fondamental :

le droit d’aimer, de créer, de choisir, de transmettre… autrement.

Et aussi — et c’est essentiel — Le droit d’être un sujet de plein droit, dans sa propre vie,

mais aussi dans une communauté qui nous reconnaît.

Parce qu’aujourd’hui, dans ce monde en mutation, nous sommes de plus en plus nombreux à vivre hors norme.

Hors des cases, hors des schémas classiques, hors des cadres prévus.

Et ce simple constat, aussi vrai soit-il, suffit parfois à faire vaciller notre confiance.

À nous faire douter de nous-mêmes, jusqu’à croire que c’est nous le problème.

Pourtant, ce n’est pas l’écart à la norme qui est dangereux.

C’est le regard biaisé de ceux qui s’y accrochent.

C’est ce regard-là qui juge, qui isole, qui humilie, qui abandonne.

C’est lui qui active nos blessures les plus anciennes : le rejet, la honte, l’exclusion, l’abandon

Mais ce regard n’est pas une vérité. Ce n’est qu’un filtre.

Et on peut apprendre à s’en défaire. À poser un autre regard sur soi.

Un regard bienveillant plus juste, plus vivant, plus libre.

5.⁠ ⁠Le coaching comme espace d’autorisation

Dans cette perspective, le coaching devient un espace de déconstruction consciente, mais aussi de renaissance.Un lieu où l’on peut interroger ses loyautés invisibles, ses récits hérités, ses rêves oubliés.Un lieu où l’on peut poser cette question essentielle :Et si j’avais le droit d’exister autrement ?

Car rien n’est figé.Notre identité n’est pas une fatalité. Nos croyances ne sont pas des lois. Et notre passé n’a pas à conditionner notre avenir.

Mais pour se réapproprier ce droit — aimer, créer, transmettre — encore faut-il oser remettre en question ce qui nous semble immuable.Et c’est là que réside sans doute la difficulté la plus profonde :lâcher l’histoire qu’on se raconte.Parce que cette histoire, même douloureuse, nous a permis de tenir.Parce qu’elle justifie nos choix, nos renoncements, nos fidélités invisibles.Parce qu’elle valide la vie qu’on a menée jusqu’ici, avec ses compromis, ses automatismes, ses sécurités illusoires.Et que sans elle, pendant un instant, on a l’impression de ne plus savoir qui l’on est.

Changer, ce n’est pas seulement transformer son quotidien.C’est parfois renoncer à l’identité qu’on avait construite autour d’une blessure, ou d’une vérité partielle.C’est accepter de ne plus être celui ou celle qui a toujours été fort·e, victime, indispensable, en colère, silencieux·se, en retrait…C’est choisir de devenir libre plutôt que d’avoir raison.Et cela demande du courage. Un courage que personne ne peut exiger, mais que chacun peut convoquer.

Mais alors, comment fait-on pour changer d’histoire sans se perdre ?Comment traverse-t-on ce vide entre ce qu’on a été, ce qu’on croyait être, et ce qu’on pourrait devenir ?

C’est là qu’intervient un espace souvent oublié, mal connu, parfois même redouté : l’inconscient.Pas celui des injonctions populaires — “t’as un blocage”, “faut creuser ton passé” —mais un inconscient vivant, mouvant, organique, qui veille autant qu’il freine,qui protège autant qu’il limite,et qui recèle une forme d’intelligence naturelle que notre mental ne sait pas toujours écouter.

J’appelle cela la pleine inconscience.Un état où l’on ne cherche plus à contrôler, à analyser, à comprendre absolument,mais où l’on apprend à faire confiance à ce qui émerge de plus profond.Un état qui ne s’oppose pas à la pleine conscience, mais qui la complète.Parce que parfois, pour se retrouver, il faut d’abord oser se perdre sans résistance.Et justement, se perdre sans résistance, c’est souvent faire l’expérience du chaos.Un mot qui fait peur, qui évoque le désordre, la chute, la confusion.Mais si l’on revient à son origine grecque — khaos, ce n’est pas le désastre, c’est l’espace béant,l’ouverture primordiale, le vide fécond d’où peut naître une nouvelle forme.

Le chaos, ce n’est pas la fin.C’est l’entre-deux.Ce moment où l’ancien ne tient plus, mais où le nouveau n’est pas encore là.Un moment inconfortable, incertain, parfois brutal,mais nécessaire à toute reconstruction vraie.

C’est dans le chaos que les repères vacillent,que les masques tombent,que les vérités profondes émergent.Et c’est souvent dans le chaos que l’on se retrouve enfin nu face à soi-même,libéré, pour un temps, du besoin de plaire, de prouver, de contrôler.

Alors, ne pas fuir le chaos, c’est ne pas fuir la vie.C’est accepter qu’avant l’éclosion, il y ait la mue.Que toute transformation demande de traverser un certain degré de désordre,non pas pour s’y noyer,mais pour laisser émerger un nouvel ordre, plus juste, plus vivant, plus aligné.

Il faut descendre sous le radar du mental.Entrer dans les zones floues, non linéaires, non rationnelles.Celles où résident les croyances, les peurs, les élans bruts, les mémoires émotionnelles.

C’est là, dans cet entre-deux, qu’un nouveau récit peut s’écrire.Un récit qui ne nie pas l’ancien, mais qui ne s’y enferme plus.Un récit où l’on cesse d’être défini par ce qu’on a subi, pour redevenir acteur, actrice, créateur·rice de sa propre légende intérieure.

Conclusion

Alors peut-être que l’émancipation n’est pas une destination à atteindre,

mais un passage à vivre.

Une traversée, intime et radicale,

où l’on quitte les rivages connus —

ceux des récits hérités, des certitudes tranquilles, des fidélités invisibles —

pour plonger dans l’inconfort d’une mer intérieure.

Là où tout se brouille.

Où l’on ne sait plus très bien qui l’on est,

ni ce que l’on désire vraiment.

Mais c’est précisément dans ce désordre fertile,

ce chaos vivant,

que se tissent les fils d’une liberté plus vaste.

Comme le suggérait Gibran,

la véritable liberté ne réside pas dans l’absence de chaînes extérieures,

mais dans la capacité à s’élever au-dessus d’elles,

« nus et sans entraves ».

Libres… non parce que plus rien ne nous lie,

mais parce qu’on a choisi ce qui nous relie.

Traverser,

c’est oser transcender l’histoire qu’on se raconte.

C’est cesser de se confondre avec ses blessures.

C’est accueillir le doute.

La peur.

L’appel du large.

Et peu à peu,

c’est retrouver le goût d’une vie alignée.

D’une vie habitée.

D’une vie choisie.

Alors…

si quelque chose en toi vibre encore à l’idée que c’est possible…

Ne l’éteins pas.

Ce n’est pas une illusion.

C’est un appel.

Et si c’était maintenant,

ton moment de traversée ?